mercredi 27 janvier 2010

Le débat continue...

Cher Quentin, chère Emilie,

Merci pour le débat que vous avez organisé. Même si ça avait l’air de partir dans tous les sens, j’en ai ressorti une question pertinente, une question existentialiste : qui sommes nous ? Pourquoi est-ce que nous nous réunissons tous les quinze jours ? Et qu’est-ce que nous voulons atteindre avec nos réunions ? Je suis ravie que nous semblons partager un enthousiasme, une passion qui va au-delà de nos recherches individuels, et qu’il y a la volonté de passer à un stade plus avancé. Voilà pourquoi je suis d’accord avec vous que le moment est arrivé d’écrire une sorte de manifeste, un texte qui nous définie et qui marque nos buts. Rien de politique, pas une position vis-à-vis d’autres africanistes, pas une nouvelle génération qui rebelle, mais plutôt une déclaration d’intentions.

Afin de pouvoir écrire ce « manifeste », il est nécessaire de se poser plusieurs questions. Voilà les questions que je me suis posée :
- qui sommes-nous ? qu’est-ce que l’africanistique signifie pour nous ?
- pourquoi les séminaires ? pour quelle raison est-ce que vous y assistez ?
- organisation et contenu des séminaires ? qu’est-ce qu’on veut en retirer ? à quoi est-ce que ça peut nous servir ? sur le plan individuel et des recherches qu’on fait à présent
- à quoi est-ce que ça peut servir sur le plan plus général, de longue durée ?
- comment rendre nos activités visibles ?

Je me suis donc interviewée et voilà mes réponses (ce soir, je pourrais y ajouter autres choses plus tard) :
- qui sommes-nous ? qu’est-ce que l’africanistique signifie pour nous ?
Pour moi, être “africaniste” est une de mes identités scientifiques parmi beaucoup d’autres: je suis linguiste, mais j’étudie également l’histoire précoloniale, ainsi que les pratiques culinaires. Néanmoins, l’adjectif « africain » est toujours présent et réunit tous les autres aspects. Je connais très peu des langues germaniques, par exemple, ou de l’histoire précolombienne, même si c’est chose que je regrette. Est-ce une conséquence de mes études ? J’ai suivi les études africanistiques à l’Université de Gand. Dès le début le spécialisme a été l’Afrique (subsaharienne !) tandis qu’il n’était qu’en troisième année qu’on devait faire le choix entre linguistique, histoire, anthropologie, etc. Conclusion : je suis avant tout « africaniste », et seulement sur le second plan vient le terme « linguiste ». Ceci est démontré dans les titres des colloques auxquels j’ai déjà assisté : « Bantu Conference », « World Congress for African Linguistics », « African Studies Association », « Workshop for African Archaeobotany », etc. Je me réalise maintenant qu’il n’y a que le « Oxford Symposium for Food and Cookery » qui parlait d’autres continents.
- pourquoi les séminaires ? pour quelle raison est-ce que vous y assistez ?
Pour moi le but des séminaires est double : la camaraderie et la multidisciplinarité. Il faut l’avouer, la vraie raison pour laquelle je voulais organiser les séminaires, est que je me retrouvais toute seule à mon retour des Etats-Unis. Là-bas j’avais des bons contacts avec d’autres étudiants doctorants (tous des « africanistes », même s’ils n’utiliseraient pas ce terme). En Belgique je me retrouvais parmi des chercheurs post-docs. Il n’y avait donc personne avec qui je pouvais discuter les périples du doctorat, personne qui se retrouvait face aux mêmes problèmes que moi. Puis, je ne connaissais pas l’ULB, puisque je n’y ai jamais suivi un seul cours. À qui donc m’adresser quand j’ai des problèmes ? En bref, je me sentais isolée au MRAC et je cherchais des complices :-).
La raison plus scientifique est liée à la nature de mon projet de doctorat. Il est vrai que c’est un doctorat en linguistique, mais le but est d’écrire une partie de l’histoire culinaire africaine. Je suis obligée de lire des ouvrages en linguistique, histoire, archéologie et anthropologie. Malheureusement je ne suis pas un « homo universalis ». J’ai eu une formation en linguistique et je ne connais que la base des autres disciplines. Les séminaires forment donc l’opportunité d’observer les méthodes, questions et intérêts des historiens, anthropologues, etc. C’était cette multidisciplinarité qui m’avait plût aux « African Seminars » à Northwestern University, et c’est pourquoi j’ai voulu exporter ces séminaires.
- organisation et contenu des séminaires ? qu’est-ce qu’on veut en retirer ? à quoi est-ce que ça peut nous servir ? sur le plan individuel et des recherches qu’on fait à présent
Au début, l’idée c’était de faire connaissance. Qui travaille sur quoi ? Maintenant que presque tous les enthousiastes ont fait cette présentation, le moment est venu de penser au stade suivant. Qu’est-ce que nous voulons retirer des séminaires ? À quoi est-ce qu’ils peuvent servir ? À l’instant, je vois trois possibilités :
- un vrai séminaire « doctoral » : l’occasion de discuter les recherches en cours, de répéter des présentations à faire ailleurs ou des articles à soumettre, etc., en bref l’occasion de recevoir un « peer review ». C’était l’idée au départ, mais on peut faire quelque chose de plus avancée, p.ex. :
- suggestion de Claire : on pourrait se réunir autour d’un problématique qui nous intéresse tous. Qu’est-ce qui pourrait être ce problématique ? Vue la grande diversité des sujets de thèse, ça devrait être plutôt théorique ou méthodologique.
- Un forum d’autoréflexion : une série de débats (liste de sujets à suivre)
- à quoi est-ce que ça peut servir sur le plan plus général, de longue durée ?
L’ULB comprend un grand nombre de professeurs, chercheurs, et étudiants en doctorat ou en master qui travaillent sur un sujet en rapport avec l’Afrique. Tout de même, il n’y a aucun organisme qui les réuni. Il n’y a pas un département administratif qui réunit les chercheurs des diverses disciplines, comme il y a à Northwestern University, ni un département « africanistique » avec ses propres professeurs et des études africanistes, comme à l’Université de Gand, même pas une série de séminaires qui pourrait servir de lieu de rencontre. Pourtant, il y a eu l’idée d’instaurer quelque chose pareille. Malheureusement les personnes concernées n’ont pas eu le temps (chose que je comprends bien n’ayant pas assez de temps moi-même), ou ils se sont heurtés à un manque d’enthousiasme parmi les collègues (ça n’a pas été dit explicitement, mais c’est mon interprétation de certains remarques). Nos séminaires pouvaient être le début de ce rapprochement. Si nous réussissions à faire "bouger" nos séminaires, à étaler un dynamisme et enthousiasme, ça pourrait inspirer les chercheurs et professeurs concernés.
- comment rendre nos activités visibles ?
Afin d’inspirer ces chercheurs et professeurs il nous faut d’abord une bonne programme et puis il faut le rendre visible. La visualisation peut se faire de différents façons : l’article dans Le Soir, émission sur le radio du campus (ça existe à l’ULB ?), un lien sur le site officiel de l’ULB (chose que je peux négocier pour l’année prochaine), mais aussi : officialisation et reconnaissance par les écoles doctorales (mais est-ce vraiment ce qu’on veut ?), reconnaissance par l’association belge des africanistes, organisation de certains activités pour un public plus large, publier d’autres types d’articles, …

J’invite tout le monde à faire le même exercice et d’ajouter d’autres questions à la liste.

Encore une fois, merci, et à la prochaine !
Birgit

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Programme des séminaires

Octobre 2010

Mercredi 06/10/2010 de 16h à 18h au local NB7PRE

Jean Nke Ndih (doctorant, UCL): Gestion traditionnelle de l'écosystème forestier face à l'exploitation de grande ampleur au Sud Ouest du Cameroun
Dr. Joseph Koni Muluwa (diplôme obtenu à l'ULB): La dénomination des plantes dans certaines langues bantu de la RDC: Procédés de création lexicale

Mercredi 20/10/2010 de 16h à 18h au local NB7PRE

Maureen Duru (doctorante VUB): More than a meal; food in the migrants experience (Nigerians in Belgium 1970-2010)
Jean Bosco Manirambona: Etude sociale et matérielle du rituelle du sorgho (Umuganuro) au Burundi. Contribution à l'histoire de la zone interlacustre

Novembre 2010

Mercredi 3/11/2010 de 16h à 18h au local NB7PRE

Invitée: Dr. Katrien Pype (University of Birmingham): Portraits of Political Leaders. Reflections on Urban Space, Aesthetics and Political Power in J. Kabila’s Kinshasa.

Décembre 2010

Mercredi 1/12/2010 de 16h à 18h au local NB7PRE

Invitée: Dr. Paulette Roulon-Doko (LLACAN, CNRS, Paris): Qu'est-ce que l'ethnolinguistique de terrain?

Mercredi 15/12/2010 à 16h au local NB7PRE

Bellarminus Gildas Kakpovi (doctorant UCL): Communication politique en Afrique francophone: Influence des médias en périodes électorales

Janvier 2011

20-21/01/2011

Journées des Jeunes Chercheurs (Association Belge des Africanistes - LAMC, ULB)

Février 2011

Mercredi 09/02/2011 à 16h au local NB7PRE

Invité: Dr. Pape Chérif Bertrand Bassène (CELAT, Université Laval, Québec – CERHIO, Université de Bretagne-Sud): Concept opératoire pour rendre compte des institutions précoloniales Tékruro-Soudanaises: Le « mode de production de type sultanat » (circa 800 – 1895) en Sénégambie

Mercredi 23/02/2011 à 16h au local NB7PRE

Pedro Monaville (doctorant, University of Michigan): Les passions du 1968 congolais

Mars 2011

Mercredi 09/03/2011 à 16h au local NB7PRE

Invitée: Dr. Susanne Fürniss (CNRS, Paris): Des contacts interculturels en Afrique centrale vus à travers le prisme de l'ethnomusicologie

Mercredi 23/03/2011 de 16 à 18h au local NB7PRE

Marie Fierens: La naissance de la profession de journaliste au Congo juste avant l'indépendance
Roger Zerbo: Approche du genre dans la prise en charge de la tuberculose

Avril 2011

Mercredi 06/04/2011 à 16h au local NB7PRE

Invité: Dr. Baz Lecocq (UGent): The Slave Trade to Saudi Arabia in the 20th Century: Sources, Methodology, Microstoria and Global History